Un incendie meurtrier a eu lieu dans une de nos résidences, dont on loue le bâtiment. Une usagère est décédée. Être représentant du personnel, c’est aussi apprendre ce genre d’évènement à 21h un lundi soir. Recevoir l’information, se poser mille questions, dont celle qui reste en suspend : “est-ce que je dois aller sur place”. Lire le secrétaire du CSE annoncer qu’il va prendre contact avec le DG le lendemain, ce dernier a effectivement assez à gérer sur le moment ; et qu’un autre élu va tenter de prendre contact avec les collègues du service concerné le lendemain également. Se contenter de ça, dormir. Enfin essayer. Continuer de se demander si c’était la bonne réaction.
Le lendemain, une personne qui connaît le lieu m’appelle, elle s’adresse au DS que je suis. Elle me dépose un témoignage, ses questionnement quant aux normes incendies. Je ne juge pas, n’abonde ni ne remet en cause ce qu’elle me raconte. Je partage l’information brut avec mes camarades de la section, qu’on réfléchisse ensemble à ce qui m’a été dit. Iels m’offrent des retours bienveillants et constructifs. Puis je partage avec le CSE, notre messagerie d’élu.es, dans les mêmes conditions que précédemment, sans donner mon avis. Les 1ères réactions sont de répondre ce qu’aurait répondu la direction. Devoir encore souligner qu’on n’est pas là pour la défendre ou parler à sa place, mais de poser les questions, surtout si elles bousculent. Encore passer pour l’effronté.
C’est aussi ça d’être élu, surtout quand on est minoritaire : devoir composer avec des personnes sur qui on ne peut pas compter pour la construction d’un rapport de force. Il y a toujours un risque qu’elles soient du côté que je considère comme le mauvais. C’est un exemple, dans un contexte des plus graves, mais c’est bien dans la continuité de ce que j’ai pu voir en 4 mois. On a d’ailleurs préféré, à plusieurs reprise, me contacter en priorité du fait de ma double casquette, le CSE renvoyant l’image d’avoir une combativité laissant à désirer (qu’on aura du mal à contredire). Donc aujourd’hui, en plus de devoir réfléchir à ce que je souhaite voir aborder avec la direction, réfléchir à chaque mot, chaque potentielle réponse et conséquence, je dois également le faire pour des gens qui sur le papier sont de mon côté, mais avec qui je risque la confrontation. Jauger les réactions, anticiper, pour que quand je me retrouve isolé, tous les scénario ont été envisagé. Le boulot d’élu, mais en double. Allez, plus que 2 ans 1/2.