J’ai pris le mandat de délégué syndical mi juillet, c’est-à-dire à peine plus d’un trimestre et j’ai pourtant l’impression que ça fait un an tant le départ est en fanfare. Pas aidé par le contexte :
- une indemnité de 183 € net mais seulement pour les métiers socio-éducatif. Exit donc les collègues administratifs et des services généraux, alors que ce sont déjà les grilles salariales les moins payées et que le ministre des “solidarités” a fermé la porte à toute extension à l’ensemble,
- une vingtaine d’année sans révision des grilles conventionnelles, pour en trente ans plus de 30% de perte de valeur des grilles,
- une inflation galopante, qui pourrait atteindre 10 % sur un an, mais pour laquelle notre ministre des “solidarités” ne consent que 3 % d’augmentation de nos salaires,
- Une association qui a doublé de volume en moins de 10 ans, entrainant un changement d’échelle avec des conséquences parfois terrible sur l’organisation (recrutement de cadre dans la précipitation notamment),
- Des conditions de travail dégradées, due notamment aux difficultés de recrutement du fait des mauvais salaires et du manque de moyen en général.
Bref, la grosse ambiance. Depuis le début du mandat, c’est une réunion de négociation annuelle obligatoire. C’est une vingtaine de collègues qui m’ont contacté par mail ou téléphone, pour déposer leurs colères et interrogations, parfois sans que j’ai de réponse à leur donner. Ce sont des conseils à fournir sur la meilleur façon de partir, de prévenir un potentiel conflit, d’apporter des textes légaux sur telle ou telle procédure, lire des jurisprudences pour développer une vision d’ensemble… Sans parler de deux collectifs de service qui ont exprimé par courrier leurs colères et découragement et que je soutiens. Bientôt ce sera mon 1er entretien préalable, qu’il faut également préparer pour que lea collègue soit dans les meilleurs conditions pour le rendez-vous.
Le mandat c’est aussi faire vivre la section au sein de l’association, faire un pas dans le syndicat départementale et dans Solidaires (l’union des syndicats Sud). C’est prendre les informations des négociations sur deux niveaux de conventions, sur les statuts particuliers de certains métiers. Analyser tout ça, le résumer, et le transmettre de la façon la plus compréhensible possible.
Pour faire tout ça, j’ai deux choses : les camarades et collègues de la section qui prennent une part du travail ; et 18 heures par mois de délégation. Ce deuxième point peut paraître suffisant alors que c’est bien trop peu au vu de la masse de boulot que ça représente pour une personne. Le fait d’être le seul syndicat permet de diffuser nos communications facilement et d’être l’unique interlocuteur, mais d’un autre côté on ne peut rien se répartir entre délégués syndicaux et on est l’unique interlocuteur.
Un autre difficulté c’est qu’on n’a aucune perspective réjouissante. Le gouvernement et les syndicats patronaux poussent pour une fusion de 4 conventions collectives pour une unique pour y introduire salaire au mérite, individualisation des parcours, décorrélation entre salaire et diplôme. Pousser l’individualisation de la société dans le secteur social en somme, faisant perdre encore un peu plus le sens de nos métiers. J’ai peine à voir comment ils vont échouer à terme (même si ça peut être encore assez lointain).
Mais on s’est battu hier, on se bat aujourd’hui, et on se battra demain. Parce qu’on aura toujours des compagnons pour lutter, qu’on refuse le fatalisme et le capitalisme l’emporter trop facilement. Leurs armes ce sont la division et l’exclusion, les nôtres la solidarité et le sens du collectif. Et j’y crois, qu’un jour on y parvienne, à une société juste et égalitaire. Alors ce mandat, je le porterai dans mon entièreté tant que j’en aurai l’énergie.
À bientôt