Le tout-venant du cerveau

Le cerveau, cet organe génial qui refuse de s’arrêter ne serait-ce que quelques minutes dans une journée. La charge mentale est évidemment différente selon qui on est, ce qu’est notre vie à un instant T. Je suis d’ailleurs particulièrement content de ne jamais avoir eu de désir d’enfant, je n’aurais jamais eu la place de caser une préoccupation constante aussi lourde.

Pour moi, ça va de « j’ai encore oublié de passer la serpillière bordel de cul » à « quand est-ce que je vais finir en prison et ma mort sera-t-elle rapide (flemme de la torture un peu) ? ». Bien sûr entre les deux y a toujours « faudrait vraiment que je prenne des nouvelles d’un ou une telle » ou « je craque pour ce nouveau vélo ou pas ? ». Le thème principal de tout ce flux reste lié à la politique et l’action syndicale : « faut pas que j’oublie de faire ci ou ça (que j’oublie quand même) » mais encore tout un tas de phrases, d’idées soudaines et éphémères, de tracts jamais concrétisés (ça vaut pour les articles de blog, j’ai 11 brouillons en cours dont très peu aboutiront).

La lutte, ça use au quotidien, qu’on soit dans l’action ou pas. Ça prend aux tripes et ça peu vite noyer. Ça s’insinue même dans les rêves/cauchemars. J’ai trouvé de quoi m’en détacher parfois, notamment par le sport et nouvellement la lecture. S’évader est indispensable. La lutte, même si j’ai plus de mal à me l’avouer, ça flatte l’ego, notamment les camarades exprimant régulièrement leur reconnaissance du travail abattu. Ça me touche puis je culpabilise parce que ce n’est pas pour ça qu’on taf normalement. Toujours casse pied ces problèmes qui ramène à l’individualité.

Aujourd’hui, on n’a jamais été aussi proche d’un gouvernement fasciste démocratiquement élu. « C’est terrifiant ». En même temps, les crises du social, du sanitaire, de la santé, de l’éducation, et un million d’autres trucs vont continuer à s’amplifier. Peut-être qu’un jour je parviendrai à structurer tout ce bazar qui se passe dans ma tête et en parler plus proprement. Parfois j’aimerais juste lâcher tout ça, vivre ma petite vie dans mon petit coin, sans autre préoccupations que « où vais-je partir en vacances » ou « allez je fais mon planning repas de la semaine ». Mais ça voudrait dire se laisser exploiter sans rien dire, laisser les autres également. Impossible. Pour le moment en tout cas. Heureusement, je peux compter sur les copaines qui parviennent à me garder à flot et à broder à partir des quelques morceaux qui sortent de ce fichu cerveau sans bouton off. « Bravo l’équipe, et merci. »