Je quitte l’UCL

(Enfin je fais une pause, enfin d’une certaine manière)

Derrière ce titre putaclic se cache surtout un manque d’énergie pour tout mener de front. Voilà bientôt 7 ans que j’ai rejoins une organisation politique qui s’appelait à l’époque Alternative Libertaire (qui reste le nom du journal encore maintenant), l’Union Communiste Libertaire aujourd’hui depuis la fusion de 2019. À l’époque, la 1ère raison était que seule cette organisation d’extrême-gauche existait localement : pas de NPA, d’autonome, de FA ou autre (les partis non anticapitaliste n’était évidemment déjà pas une option). Ne pas avoir le choix facilite le choix ! Après les avoir observés de loin pendant les grosses luttes de 2016 et n’étant pas investi ailleurs, je franchissais le pas de rencontrer les camarades du groupe local sur une action lors d’un hommage à Clément Meric avant de prendre ma carte (c’est une image, y a pas de carte) quelques temps plus tard. Je ne connaissais pas du tout ce courant politique qu’est le communisme libertaire avant de voir leurs drapeaux et une belle banderole « Résistance » flotter en manif, et la lecture du manifeste d’AL fut une vraie claque. On pouvait donc imaginer un communisme non autoritaire et fédéraliste, prônant l’autogestion et la démocratie directe, tout en étant cohérent avec un modèle de société viable ?! Les lectures successives du livre La Morale Anarchiste de Kropotkine (mon 1er bouquin politique qui ne soit pas un manifeste si je me souviens bien) puis du Projet de société communiste libertaire (aux éditions Alternatives Libertaires) me convaincra pour de bon que je me trouve dans un mouvement qui me parle et auquel je crois, qu’un autre monde est possible.

S’en suivra plusieurs années de luttes d’une part, entre la loi travail 2, les gilets jaunes, les retraites en 2019-2020, le soutien aux kurdes ou aux palestiniens… ; de formation d’autre part, avec la participation à divers ateliers sur une multitude de sujets (syndicalisme, antipatriarcat, antiracisme, etc.) ainsi qu’aux journées d’été de l’organisation (une semaine de débat et échange autour d’un projet de société dans un cadre de vacances, c’est vraiment une expérience géniale). J’y ai pris rapidement mes marques, prenant divers mandats sur les 5 premières années. L’investissement aura été je crois total, fluctuant selon les périodes et selon l’état physique et mental. Nos luttes sont justes, et militer me permettra de dire quand je serai un vieux con « t’étais pas dans la rue y a X années, d’où tu te plains du fascisme/de la misère/autre (choisissez votre motif d’affliction) aujourd’hui ». Les enjeux sont là : espérer et se battre pour un avenir plus juste pour nous et nos (vos) enfants. En tant que militant révolutionnaire, l’étape suivante (ou plutôt, dans le même temps) a été d’intégrer un contre pouvoir, y participer, tout en appliquant nos valeurs d’autogestion, démocratie direct, etc. Le syndicalisme prendra une plus grande place au fur et à mesure, au détriment d’une certaine manière de mon engagement à l’UCL, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, l’objectif étant toujours de diffuser nos idées et pratiques. Mais vient le moment où j’estime que ça coince.

Cette dernière année aura été plus difficile pour deux raisons. Toute organisation subit des turbulences, plus ou moins fortes selon la taille des clivages qu’elle contient, mais c’est toujours de manière horizontale que ça doit se régler, avec le plus de transparence possible. Je ne sais pas si l’UCL est la meilleure dans le domaine, mais je ne doute pas de sa capacité à se remettre en question, et j’ai confiance dans l’élaboration collective dans notre mouvance pour avancer au mieux (parfois à un rythme différent que souhaiter par l’un ou l’autre des camps, et c’est dommage). Notre côté anarchiste doit nous permettre de toujours nous interroger sur nos positions et nos pratiques, c’est ce qui est fait il me semble et cela restera toujours une de nos forces. Bref, je me perds. Je crois encore dans cette organisation, qui a ses défauts et ses qualités, qui a le mérite de faire exister le courant communiste libertaire et le diffuser où elle le peut comme elle le peut. Alors pourquoi partir ? Depuis 2 ans, je cumule toujours plus de mandats syndicaux. Je n’ai plus le temps et l’énergie pour participer aux actions et élaborations de mon groupe local, qui a ses propres difficultés (sous nombre en tout 1er lieu). La situation d’être adhérent sans participer m’a beaucoup frustré, et ça fait un moment que j’hésite à modifier mon mode d’engagement. Ce n’est cependant pas la fin de mon histoire avec ce mouvement politique, aucune porte n’est fermée pour y retourner un jour (je vous prépare déjà à voir un billet « mon plein retour à l’UCL » dans 6 mois) et je continuerai d’être présent sur les actions comme de porter nos idées au quotidien. Je ne clôture pas tout à fait l’aventure non plus car je passe du côté des Ami.es d’AL¹, forme d’aide avec adhésion au journal pour 1 an plus un soutien financier qui pourrait mieux me convenir pour le moment. Car notre doctrine politique doit vivre et se développer malgré tout. Pour la révolution. Pour un autre futur. Pour une société anticapitaliste, égalitaire, où chaque voix compte. Pour un projet de société communiste libertaire.

¹ Pour soutenir ou adhérer à l’UCL, c’est par là : https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Soutenir-ou-adherer