Octobre n’était pas sobre

Ça fait longtemps que je n’ai pas publié ici, me voilà de retour pour dépoussiérer le blog. L’envie d’écrire ne manque pas, plutôt le temps et l’inspiration. On est le 31 octobre quand je démarre le 1er jet de ce billet, et je me dis que mon mois d’octobre a été très divers et peut être raconté.

Ce mois démarre par ce qu’on aurait pu prendre, de prime abord, pour des vacances, avec une semaine passée loin dans le sud, sur la côte landaise plus exactement. Que nenni ! J’y étais pour le congrès de la fédération SUD santé sociaux, où nos journées de travail étaient du 9h-19h30, avec une soirée bonus jusqu’à 23h. On s’inflige des journées qu’on combat au quotidien… Heureusement que la mer était toute proche, les occasions étaient rare de s’éloigner. Qu’est ce qu’on peut en dire maintenant. C’est toujours intéressant de participer à ce genre de rendez-vous incontournable de nos organisations militantes. C’est là que se décide la ligne politique globale défendu, du moins en théorie puisque les syndicats départementaux, qui composent la fédération, sont libres dans leurs interventions. Ces évènements suscitent cependant toujours la même frustration : impression que ça n’avance pas assez vite, du temps passé sur des détails qui n’influencent pas le fond, sensation d’être dans une chambre d’enregistrement des votes…Si la préparation en amont du congrès dans les départements peut j’imagine amener à des débats (pas dans le mien) et donc à de l’élaboration politique, pendant le congrès, rien de tout ça. Comme on ne bosse pas dans la discussion et au consensus, on s’est retrouvé à aligner 500 votes pendant 4 jours. Bon sans surprise, nous n’aurons pas été au bout, il nous faudra une autre journée pour prolonger le plaisir en janvier ! Aucune place n’est faite au débat concernant les résolutions : une présentation de l’amendement, une montée en contre, une réponse, et c’est tout. Nous aurons de super résolution votée à la majorité, mais quid du débat politique et sa transmission ? Aux abonnés absents. Cependant, on est un petit groupe à nous organiser en groupe de travail pour proposer l’usage d’outil issue de l’éducation populaire… En espérant que ça prenne ensuite largement.

Il n’y a pas que le militantisme dans la vie (en théorie), il y a aussi le vélo ! Du 9 au 12, nous sommes parties, 3 amies et moi, dans le Cotentin à l’occasion d’une Mad Jacques, sorte de tour organisé avec des lieux à visiter et des dégustations à apprécier, le tout à deux roues. À celui-ci il faut ajouter le chargement contenant de quoi dormir, se changer, manger… Donc au poids du vélo, environ 13 kilos, il faut ajouter entre 15 et 20 kilos de bazar divers à trimballer, le tout dans la joie et la bonne humeur ! Et ça, il y en a eu ! On s’est éclaté, avec beaucoup (beaucoup) de déconne, de bons produits dévorés (le fromage de chèvre et les biscuits artisanaux, olala c’était fantastique !!), le tout sur une trace vraiment top de chez top. L’équilibre entre la route et les chemins étaient très bien, avec des voies très chouettes à suivre. Nous sommes partie de Cherbourg pour atteindre Carteret et son phare, par la jolie campagne. Que du bonheur ces 4 jours. On l’aura conclu en pique-niquant devant les grandes portes fermées des services techniques en plein cœur de Cherbourg, lieu de notre point de départ. La classe quoi. Un seul problème technique nous a touché, une crevaison sur le vélo d’une copine. On s’en sort bien de ce côté ! Et niveau météo, pas de soleil, mais pas de pluie non plus, rien pour gâcher le plaisir de rouler !

À peine rentré, des souvenirs plein la tête, que la semaine suivante démarrait sur les chapeaux de roues puisque j’animais pour la 1ère fois une formation pour mes nouvelles et nouveaux camarades élu.es au CSE de ma boite. Un peu d’histoire, le cadre légal, les attributions et moyens et hop, 4 jours sont passés. J’ai eu l’impression que ça s’est bien passé, en tout cas en tant qu’introduction et pour démystifier ce que peut être notre rôle de contre-pouvoir. J’ai un peu la sensation d’avoir fraudé quand même, je ne l’ai préparé qu’en 2 jours sur la base de documents transmis par un camarade secrétaire fédéral. Mais sinon il fallait attendre plusieurs mois, ce qui n’était pas acceptable. Au-delà de la formation elle-même, l’autre intérêt de ce genre de temps, c’est aussi de créer de la cohésion. Et c’est plus qu’important car la base de notre action se place dans et au service du collectif.

Le temps du pique-nique est tout aussi important que le reste !

Après 15 jours de course vient le moment de souffler. Je suis ennuyé par une blessure au niveau de l’adducteur depuis quelques mois, et je me décide d’aller enfin voir mes amiEs osthéo et kiné. Le travail est en cours, et je croise les doigts que ça permette de bien soigner tout ça. Si je ne suis pas gêné pour faire du vélo, c’est pas la même concernant le badminton, puisque je me retrouve coincé, sans pouvoir avancer… Pas fou quand il s’agit d’un sport où on est censé se déplacer sans arrêt. Bon moi moins que la moyenne, j’ai quand même ma réputation de caillou !

En parlant de badminton, avec les copaines de l’équipe, on s’est rendu à Rennes le dernier samedi du mois pour voir 12h de ce qui se fait de mieux au niveau international. C’était ma 1ère expérience de ce genre avec les demis finales de l’IFB, je me contente d’habitude des tournois du coin (parfois avec du gros niveau national quand même !). Et bien c’était superbe ! C’est quand même autre chose que sur Youtube de pouvoir le vivre en vrai ! Après des matchs de très hautes factures sur la 1ère moitié de la journée, le dernier français en lice entrait en scène pour enflammer le Glaz Arena et nous offrir un match maitriser de bout en bout. C’était le feu dans les gradins !! Forcément, il y a eu un contrecoup pour la suite, mais le reste de la journée s’est déroulé et j’ai bien profité avant l’apothéose. Car pour conclure une journée déjà intense, on avait réservé un karaoké dans le coin, et c’était partie pour 2h de chant non stop ! On s’est couché tard dans la nuit après une journée plus qu’à rallonge, sans voix, mais heureux.ses !

Et tant qu’à faire, deux super films vus ce mois-ci : Une bataille après l’autre, et La petit dernière. Deux salles deux ambiances mais ce sont bien deux très bons films. Les récompenses du second me semblent complètement justifiés. ça va peut être me réconcilier avec le cinéma. J’ai perdu l’habitude depuis le covid de fréquenter les salles obscures, au-delà de la question du prix. On verra, pas de pression.

Dernier point rapide, j’ai rejoins depuis la rentrée le cercle celtique de Lanester pour apprendre enfin les danses bretonnes, et c’est très très chouette ! Et ce n’est pas que de la danse, il s’agit aussi de vivre et transmettre une culture riche, à défaut de connaître et diffuser la langue…

Je m’arrête là pour les évènements du mois, c’est bien assez, le reste est tout ce qu’il y a de plus banal. Ce mois a filé à toute vitesse, avec une diversité d’émotions formidables, pour le meilleur comme pour le pire. Je me bat avec une dépression qui s’est installée, la routinière d’automne qui revient insidieusement, trop souvent à mon goût. Mais tout ce que je viens de raconter à bien aider à garder un minimum de pêche et de moral. D’un autre côté ça m’a vidé, et j’attends (déjà) les vacances d’hiver. Prenez soin de vous, des bises !

Donner du sens à la lutte

Aujourd’hui on va parler un peu de lutte du quotidien, ce qui passe inaperçu, à travers mon vécu. C’est très personnel, imparfait, mais je pense que ça me correspond bien. J’arrive au bout de mon 1er mandat d’élu et de délégué syndical. Bientôt 3 ans au service de l’intérêt collectif et individuel (ça claque). Il y aura eu de l’attendu et son contraire. Tour d’horizon.

Parlons mandat

Nous partions à 4 sur la liste SUD santé sociaux aux élections CSE de juin 2022, sans transmission directe des « anciens » qui ont raccroché les gants après avoir essuyés trop de coup. Malheureusement, les évènements de la vie feront que nous nous retrouverons vite à 2 : moi-même et une camarade suppléante devenu titulaire par la force des choses, celle-ci ayant prévenu en amont qu’elle serait très peu investi. En parallèle, j’étais mandaté délégué syndical par ma section. À peine arrivé dans la boite (fin avril 2021), et déjà je passais un tiers de mon temps de travail sur mes missions de défense des collègues plutôt que comptable. Ça s’aggravera courant 2023, puisque j’irai m’investir au niveau départemental, régional et national de notre syndicat et fédération. On ajoute à ça un mandat de défenseur syndical fin 2024, ne me voilà plus qu’une journée par semaine en moyenne en comptabilité. Elle est contente de m’avoir recruté ma cheffe ! Bon, on ne va pas se le cacher, tout ça c’est de la faute à mon côté révolutionnaire et son bagage communiste libertaire qui estime qu’il faut être partout pour mettre fin à ce fichu capitalisme. Mais ça reste plus simple ici, puisque c’est majoritairement sur le temps de travail et donc payé, j’ai moins de mérite que les camarades de l’UCL, pour ne citer qu’elleux, qui doivent se taper le boulot uniquement sur leur temps perso. Ici on respecte la culture du sacrifice aménageable. Bref, je m’égare.

Parlons du quotidien

Un truc m’a semblé naturel (et pourtant je faisais figure d’exception au milieu des autres élu.es non syndiqué.es), c’est que la base du boulot, c’est de rencontrer les collègues sur leurs lieux de travail. Et pas seulement pour remuer la merde ! La première approche était avant tout de comprendre leur taf de travailleureuse social, et les (dix) milles nuances qui vont avec, qui m’était globalement inconnu. Comment écouter et porter la parole si on ne sait pas de quoi on parle ? En 3 ans, j’ai pu apprendre à connaître des dizaines de service divers, dans des domaines variés avec autant de pratiques et de publics accompagnés différents, d’organisations propre. Et évidemment, humainement, ça représente plusieurs centaines de personnes. Je dirais au moins la moitié de « l’association » (est-on encore une association quand on emploie plus de 600 personnes ? Vous avez 4 heures), soit 300 collègues. Pas toujours pour de longs échanges, mais au moins se présenter. Ça en fait du monde mine de rien. Et pourtant je ne suis pas le plus sociable du coin… Mais c’était grave intéressant ! La partie sympa du job : tu te promènes, personne n’a le droit de t’en empêcher, et tu discutes avec qui tu veux. Enfin, c’est cool jusqu’au moment où tu tombes sur le service en crise avec des collègues qui te déposent des dingueries et qu’il faut analyser : comment c’est gérer par les collègues du service, la hiérarchie, quels impacts ça a sur elleux et les personnes accompagnées, quelles démarches sont à entamer pour solutionner les problèmes… Et ça, dans une boite aussi grande, c’est monnaie courante malheureusement. Nous sommes dans un secteur qui n’a plus les faveurs du capitalisme depuis longtemps (30 % de perte de valeur des salaires en 25 ans), comme tant d’autres, ce qui s’accompagne forcément par des crises récurrentes. Mais on gère ce qu’on peut, comme on peut. Enfin on…

Elle aura été là la difficulté principale des 3 ans, ce « on » qui n’existe qu’en partie. Comme exposé plus haut, je me retrouve vite isolé dans un CSE composé d’élu.es non syndiqués, pour certains depuis 20 ans dans les instances, avec une vision pourtant réduite de ce qu’est le taf comme je le perçois. Heureusement, je peux compter sur les membres de la section syndicale qui apportent avis et conseils. Mais c’est sur leur temps personnel, et quand iels peuvent. C’est difficile au quotidien, que ce soit pour gérer tout ce qui se passe (dans la boite, dans les autres où les camarades ont besoin de soutien) ou pour garder au moins l’esprit d’un travail collectif. Ça va vite de rendre les mandats très personnels. Je suis à peu près sûr de ne pas être tombé dans ce piège, mais je reconnais qu’il est compliqué d’y échapper et ça m’a permis de mieux comprendre des camarades qui ont parfois un peu vrillé sur cette question.

Pour autant, ce relatif isolement n’aura pas posé de problème insurmontable dans la confrontation avec la direction. Je ne dis pas avoir toujours dormi sereinement en amont ou après une réunion conflictuelle, ou d’avoir toujours atteint le niveau de conflictualité que j’envisageais dans un souci d’auto protection. J’ai le souvenir d’avoir essuyé seul la colère du directeur général suite à une alerte pour danger grave et imminent qui ne lui avait pas du tout plu (en lien avec l’accueil de personnes réfugiées et sans-abris expulsées de Paris dans le cadre du « desserrement » comme ça a été nommé avant, pendant, et encore après les JO de 2024) mais globalement je trouve que ça s’est bien passé. Pour une raison en particulier : je me fiche des traits d’humeurs des personnes que je combats et du niveau d’estime qu’elles ont pour moi. Le boulot, c’est de porter une revendication, défendre un ou des collègues, le ou la ou les représenter, et ce sont les seules personnes, avec les camarades de ma section syndicale, qui ont un avis qui m’intéresse.

Parlons de l’externe

On a la chance d’avoir une intersyndicale sectorielle SUD/CGT/FO qui fonctionne bien et se démène au niveau du département pour construire des appels et des mobilisations à chaque fois que c’est impulsé au niveau national. Ça permet d’avoir déjà une base de travail saine, malgré nos faibles nombres respectifs de militants (eux pire que nous par ailleurs…). C’est aussi à relativiser : c’est dur de trouver du relai, et nous n’avons aucune capacité d’impulsion. Mais au moins, ça bouge de temps en temps !

Puis il y a le travail fédéral, qui avance, surtout sur notre commission sectorielle qui abat un taf énorme malgré notre choix collectif de ne pas avoir de salarié dans la fédération syndicale au contraire des autres organisations. L’inconvénient : ça coûte cher en énergie puisque les casquettes se multiplient. L’avantage : on parle de ce qu’on vit, ce qu’on constate ; on fait partie de la base ! Notre secteur a ce qui doit être les dernières conventions collectives sans critère classant. Evidemment, le patronat main dans la main avec les gouvernements capitalistes luttent depuis des années pour parvenir à les imposer. Nous résistons tant bien que mal, mais là encore, ça demande beaucoup d’énergie.

À côté de ça, c’est moins reluisant. Nous sommes un syndicat qui a la particularité de conjuguer public (fonction public hospitalière) et privé (asso à but non lucratif du social et médico-social pour résumer). Dans mon département, il y a une différence majeure dans la culture de la lutte et des valeurs portées par le syndicalisme à la SUD. J’avoue avoir été surpris de voir le fonctionnement de certaines sections et du département. Je pensais qu’avoir l’étiquette était gage d’un militantisme carré sur les fondamentaux : l’auto organisation, la démocratie directe, la solidarité… Et bien nous n’y sommes pas ! C’est un vrai choc pour moi qui idéalisait probablement trop l’Union Syndicale Solidaires en général. On est loin des problèmes rencontrées dans les centrales syndicales avec culture du chef et tout et tout, mais quand même. Chez nous, la priorité est donnée aux goodies plutôt qu’à la solidarité matérielle ; à décider pour les autres ; à empêcher l’auto organisation des camarades. Tout ça probablement par peur de se faire bousculer dans une routine installée depuis bien longtemps (qui ne fonctionne pas par ailleurs, puisque le syndicat est particulièrement faible numériquement parlant). C’est ce qui m’a le plus touché moralement en 2023 et 2024, plus que de me battre contre un ennemi identifié comme une direction. Pire encore, Solidaires 56 connaît une crise qui ne fait que de s’aggraver, avec un phénomène typique de repli sur soi de militantes et militants qui estiment être victime d’attaque systématique de toute part, après avoir été ciblé par un individu. Il n’est même plus possible de simplement questionner les pratiques pour aller vers du mieux. On doit parfois gérer des dingueries qu’on pense réserver à la sphère professionnelle. Ça coûte en temps, énergie, et motivation. Je me suis d’ailleurs bien éloigné de Solidaires 56, et je risque de faire de même pour notre syndicat départemental si rien ne bouge voir s’aggrave. Et puis le syndicat reste un outil, on n’est pas marié avec. Ce n’est pas beaucoup mieux au niveau fédéral, les temps de débats étant embolies par les problématiques internes. Dans ces 3 espaces, le même problème revient : nous avons peu (pas) de discussions politiques. Et sans débat de fond, on ne construit pas une riposte à la hauteur des enjeux. Pas étonnant que la gauche aujourd’hui soit en panne d’idée si c’est comme ça dans toutes les organisations (ce que j’imagine pourtant…).

Conclusions

Difficile de condenser 3 ans sans en faire un pavé indigeste, ce à quoi ce texte tend. Je n’évoque pas les nombreuses luttes hors de la boîte auquel j’ai pu participer à différent niveau, on n’en finirait pas ! Je repars pour un nouveau mandat, probablement dans des conditions similaires sauf sur le nombre d’élu dans la boîte. J’espère avoir besoin de mes deux mains pour nous compter, ce serait formidable, bien que pas gagné. Le boulot va être pendant un temps de transmettre, former… et m’adapter ! C’est que j’ai construit mon taf de militant syndical seul. Je vais donc devoir apprendre à lutter quotidiennement à plusieurs, partager tâches et responsabilités. Celleux à qui c’est arrivé sauront de quoi je parle et en quoi ça représente un vrai défi à ne pas prendre à la légère. Mais on va y arriver. La seule chose à toujours garder en tête : on bosse avec et au service d’un collectif. Nous allons aussi assister au retour d’une section CFDT après plus de 10 ans d’absence, qui laissait SUD santé sociaux comme seul syndicat dans la boite. Pour quelles conséquences ? On verra !

Bisous

Ode au licenciement

Camarades,

Depuis que l’abandon de poste est assimilé à une démission, quitter un job toxique (que ce soit sa nature ou du fait de l’entreprise et ses travers) est devenu encore plus difficile. Nous, travailleuses et travailleurs, avons encore perdu un outil contre le monde du travail et sa violence. N’en reste qu’un : le licenciement. Tu n’en peux plus de ta boîte qui te fait vivre la misère ? Fais toi licencier. Ta boîte refuse ta demande de RC ? Fais toi licencier. Ta boîte transgresse les valeurs qu’elle affiche et ça t’atteint moralement ? Fais toi licencier. Ta boîte se moque de toi en te promettant une promotion qui ne vient jamais ? Fais toi licencier.

Évidemment, c’est la solution pour quand on n’en peut plus, quand la santé est affectée, ou en passe de l’être. Et pour se faire licencier, rien de plus simple : se pointer au boulot et ne rien faire (à la limite se faire un solitaire). Pas besoin d’insulter son chef (même si on en a très envie), de tout casser (même si le sabotage est un moyen légitime de lutte), en somme, de risquer des poursuites pénales. Vive l’oisiveté !

Pour un licenciement paisible. Courage camarades !

Grève générale ?

J’ai bien parcouru « Réapprendre à faire grève » (super bouquin, lisez le) et il me vient un truc (naturel quand on le lit, donc lisez le) sur les reproches du manque d’appels à la grève générale des grands syndicats nationaux. L’approche du 5 décembre a, comme d’habitude, posé à nouveau cette question par-ci par-là, l’occasion d’en faire un billet. Pourquoi ces reproches sont-ils hors sol et incantatoires ?

Premièrement, les personnes les plus à mêmes de les formuler ne sont tout simplement pas adhérentes à un syndicat. Ça m’a toujours interpeller que des personnes elles-mêmes non militantes de ces organisations puissent leurs demander des comptes. Elles n’ont par ailleurs qu’une vision partielle de leur fonctionnement (qui ont chacune le leur, parfois très éloigné voir opposé) et aucune idée des forces (ou plutôt l’absence de…) qui les composent. Elles ne peuvent donc pas se rendre compte qu’il n’y a tout simplement, et c’est dur de le dire, plus de militant ou presque.

Les syndicats tiennent, comme tous les contre-pouvoirs aujourd’hui il me semble, sur quelques épaules bien trop lourdes du fait d’un désengagement des salarié.es et adhérent.es dans la vie syndicale. Et les militant.es qui assument le job sont, d’une part, bien souvent coincé.es (parfois volontairement, ne voyant pas l’intérêt de la branche ou l’interpro) dans leurs luttes internes face à leurs patrons, conséquences des différentes lois sur l’organisation du « dialogue social » au niveau des boîtes ; d’autre part à cumuler sans cesse les mandats car personne pour pouvoir les distribuer (et qui peut rendre paradoxalement difficile le partage des tâches avec les militant.es présent.es plus ponctuellement). Il en résulte un syndicalisme encore capable de communiquer, mais absolument pas de mobiliser massivement. Certain.es me diront que tout de même, nous étions des millions dans la rue pendant les manifestations contre la réforme des retraites l’année dernière. Je réponds que certes, mais sur des temps très court (le temps de la promenade), qu’aucune reconductible ne s’est mise en place, que les assemblées générales ont été fui par les manifestant.es malgré des appels répétés (et très peu de spontané). Sans même parler que si on peut se flatter d’avoir atteint les 2 millions de manifestants, on est loin de la marée populaire. Par ailleurs, cette mobilisation a pu entraîner quelques adhésions, mais ni massive, ni de militant.e. Cela illustre que malgré les appels clairs à la grève générale, elle ne s’est pas produite.

Deuxièmement, le fantasme d’un retour des grandes grèves comme celles du passé n’est plus d’actualité depuis longtemps. L’individualisme a progressé, l’organisation du travail a changé de forme avec les sous-traitances et uberisation massives, la gauche révolutionnaire n’a quasiment plus voix au chapitre. Le réformisme porté par certains syndicats, prônant le syndicalisme d’accompagnement plutôt que de confrontation, a renvoyé le politique aux partis. C’est, pour illustrer, le « laissez nous faire, on va négocier vous aller voir » par le haut plutôt que de mobiliser sur les piquets de grève par le bas. Cela a provoqué une technicisation des militants qui négocient en petits nombre toujours plus d’items au détriment des revendications collectives. Autre illustration. Aujourd’hui la priorité est donnée à l’expertise sur des questions pointues comme le code du travail, les questions liées à la sécurité, santé et conditions de travail (connaître les normes concernant le radon, sa mesure, son traitement et le suivi par exemple), au lieu de construire nos revendications sur nos expériences de vies pour les améliorer (j’ai un reste à charge sur mes lunettes, c’est quoi ce bordel luttons pour une meilleur sécu).

Troisièmement, l’hégémonie culturelle du capitalisme rend l’organisation collective difficile car largement décriée dans les espaces médiatiques de masses (télévision bien entendu, grands quotidiens, …). Ils s’occupent plus de s’arrêter sur un évènement choisi (des « débordements » par exemple, avec un abri de bus pété) que l’enchaînement d’action qui a mené à cet évènement (smicardisation généralisée, absence de repère dès l’école avec de multiple causes comme des réformes permanentes de l’éducation nationale à l’absence d’accompagnement à la parentalité, constat d’échec de « l’ascenseur social », absence de perspective positive, refus de la compétition partout tout le temps, …). Il existe peu de média de gauche anticapitaliste à gros tirage mis à part peut-être l’Humanité, le reste étant bien loin de nos positions, et aucun spécialisé sur l’économie (Alternative économiques étant plutôt keynésien). Y a une expression que j’entends régulièrement qui illustre bien le concept je trouve. On entend souvent dire que c’est utopiste de penser que le communisme (le vrai, dans sa forme la plus pure, pas celui du PCF) pourrait s’appliquer et fonctionner à l’échelle d’une société, que c’est impossible pour X ou Y raison. Étonnamment, le capitalisme n’est jamais remis en cause par le même prisme. C’est pourtant utopiste de penser qu’il pourrait être égalitaire, contrôlable, juste (ajouter le qualificatif positif qu’il vous plaît) alors que l’exploitation et la domination sont des piliers de son fonctionnement. Alors on nous répond que ça reste moins pire. Mais moins pire pour qui ? Pour quoi ? Des enfants bossent encore à l’usine aujourd’hui dans le monde, la planète va être de moins en moins vivable pour notre espèce (pendant qu’on en fait disparaitre une quantité colossale), pourtant, ce système n’est que rarement remis en cause aussi radicalement que le communisme. Et c’est depuis si longtemps que plus le temps passe, plus cette hégémonie est ancrée, rendant inaudible le moindre discours pour une autre société.

En conclusion, il n’y a pas de recette miracle : pour obtenir la grève générale, il faut se taper le boulot de terrain et renforcer les syndicats. Peut-être sont-ils dépassés, en attendant, il n’existe pas de contre-pouvoir de « masse » autre aujourd’hui. Mais jusqu’à quand le resteront ils, vu l’inexorable tendance à la baisse de leurs effectifs ? Et ensuite, quoi faire d’autre qu’attendre le grand soir (c’est déjà le cas dans un sens) et croiser les doigts que ce soit pour nos idées et non celles de nos ennemis ? J’ai bien peur qu’aujourd’hui, c’est le fascisme qui est en pôle position pour triompher…

À bientôt en AG

Bilan lecture 1er semestre 2024

Je voulais faire ça fin juin début juillet mais eh, au moins ça sort. 2024 est pour moi, sur le plan de la lecture, une vraie réussite jusque là ! J’ai enfin réussi à me remettre à la littérature, avec en plus un très bon rythme (à mes yeux), je suis ravi ! Il faut savoir que je n’ai jamais arrêté de lire à proprement parlé, puisque depuis plus de 10 ans je lis beaucoup (beaucoup) d’article de presse, plusieurs par jour. Je voulais continuer sur ma lancée après avoir dévoré la trilogie du seigneur des anneaux en 2023, réussi. Je ne suis pas pour autant critique littéraire, l’idée ici est juste de montrer en quelques mots ce qui m’a plus ou pas.

1er trimestre :
Deux secondes d’air qui brûle
, drame : je l’avais vu passer sur les réso, puis au détour d’une conversation avec une camarade de la chorale qui me l’a vanté, je m’y suis lancé. Bien m’en a fait, c’est très bien écrit, c’est beau et révoltant à la fois, auteur à suivre. On ne devrait pas mourir parce qu’on respire.
Un homme est mort, BD : piqué dans la bibliothèque d’ami.es, c’est fort. Je ne suis pas trop BD de base, mais là, ça parle.
Koko n’aime pas le capitalisme, BD : du fun en planche, par tienstiens ! Après l’avoir offert deux fois en 2023, il fallait bien que je le lise en entier. C’était très, très drôle !
Les dossiers Thémis tome 1, science-fiction : je voulais changer du roman policier qui m’accompagne beaucoup. Il était mis en avant par les bibliothécaires, et je me disais qu’un peu de SF ne me ferait pas de mal. Et bien effectivement, c’était captivant, avec un style d’écriture particulier qui m’a parlé. Les évènements sont pour le moins extrême, ça m’a bien surpris !
La constance du prédateur, policier : Ah Chattam. Je l’ai laissé de côté un moment, et bien m’y remettre, c’était comme d’être en pantoufle chez soi : à l’aise. J’aime toujours autant cet auteur, et s’il ne sort pas toujours des master class dans ce genre ultra bouché qu’est le policier, il garde une belle maitrise systématiquement.
La Grande Guerre, BD : découvert chez les mêmes ami.es d’Un homme est mort, cette BD présente le 1er jour de la bataille de la Somme. La fresque est de grande qualité, un superbe travail. À bas la guerre.

2ème trimestre :
Seul à savoir
, policier : j’avais lu son 1er roman, L’œil de Caine, il doit y avoir 15 ans. Il m’avait beaucoup plus, content de le retrouver lui aussi. C’est simple et efficace, avec ce qu’on attend d’un bon policier.
Un(e)secte, policier : encore un Chattam ! Pas de problème avec les protagonistes et le synopsis, mais des longueurs er une fin bof bof. Mais ça se lit.
Les dossiers Thémis tome 2, science-fiction : dans la lignée du tome 1, c’est merveilleux ! Toujours des évènements extrêmes, toujours pertinent, bravo.
Deux jours à tuer, drame : je me souviens m’être dit ”oh la vache”. Je suis encore outré je crois. C’était prenant !
Les dossiers Thémis tome 3, science-fiction : déçu ! La fin ne m’a malheureusement pas plu. Mais j’ai pu imaginer plein de truc à partir du bouquin, et ça c’est cool !
Anthologie de la poésie palestinienne d’aujourd’hui : j’ai entendu une bibliothécaire en parler pendant que je lisais (je lis régulièrement à la médiathèque), vu la période ça me semblait une bonne chose d’y mettre mon nez. Je ne lis jamais de poésie, certains poèmes m’ont beaucoup touchés, d’autres moins, ça vaut le coup de s’y arrêter.
Quelques minutes après minuit, fantastique : quelle baffe. Il est dans ma liste à lire 2023 (qui aura été un échec suite au mouvement contre la réforme des retraites) après qu’une amie me l’ai conseillé. Je l’en remercie, c’était magnifique. Il m’a tellement ému, c’était merveilleux.
Hunter games la trilogie, fantastique : quel plaisir ! Bien bien meilleur que les films, c’était passionnant. J’aurais préféré les lires avant de voir les adaptations cinématographiques, un peu comme à chaque fois que sort une adaptation finalement. Mais très content de les avoir feuilletés, du 1er au dernier.

Voilà pour ce semestre. J’essaierai de publier le prochain début janvier ! Je me suis inscris sur Babelio pour faire mon propre suivi, filez le votre si vous voulez : https://www.babelio.com/monprofil.php?id_user=1940206
Si vous avez des conseils lectures de livre qui vous ont marqué, des avis sur des lectures communes, que sais je encore, faites vous plaisir de partager ! À bientôt !

Le tout-venant du cerveau

Le cerveau, cet organe génial qui refuse de s’arrêter ne serait-ce que quelques minutes dans une journée. La charge mentale est évidemment différente selon qui on est, ce qu’est notre vie à un instant T. Je suis d’ailleurs particulièrement content de ne jamais avoir eu de désir d’enfant, je n’aurais jamais eu la place de caser une préoccupation constante aussi lourde.

Pour moi, ça va de « j’ai encore oublié de passer la serpillière bordel de cul » à « quand est-ce que je vais finir en prison et ma mort sera-t-elle rapide (flemme de la torture un peu) ? ». Bien sûr entre les deux y a toujours « faudrait vraiment que je prenne des nouvelles d’un ou une telle » ou « je craque pour ce nouveau vélo ou pas ? ». Le thème principal de tout ce flux reste lié à la politique et l’action syndicale : « faut pas que j’oublie de faire ci ou ça (que j’oublie quand même) » mais encore tout un tas de phrases, d’idées soudaines et éphémères, de tracts jamais concrétisés (ça vaut pour les articles de blog, j’ai 11 brouillons en cours dont très peu aboutiront).

La lutte, ça use au quotidien, qu’on soit dans l’action ou pas. Ça prend aux tripes et ça peu vite noyer. Ça s’insinue même dans les rêves/cauchemars. J’ai trouvé de quoi m’en détacher parfois, notamment par le sport et nouvellement la lecture. S’évader est indispensable. La lutte, même si j’ai plus de mal à me l’avouer, ça flatte l’ego, notamment les camarades exprimant régulièrement leur reconnaissance du travail abattu. Ça me touche puis je culpabilise parce que ce n’est pas pour ça qu’on taf normalement. Toujours casse pied ces problèmes qui ramène à l’individualité.

Aujourd’hui, on n’a jamais été aussi proche d’un gouvernement fasciste démocratiquement élu. « C’est terrifiant ». En même temps, les crises du social, du sanitaire, de la santé, de l’éducation, et un million d’autres trucs vont continuer à s’amplifier. Peut-être qu’un jour je parviendrai à structurer tout ce bazar qui se passe dans ma tête et en parler plus proprement. Parfois j’aimerais juste lâcher tout ça, vivre ma petite vie dans mon petit coin, sans autre préoccupations que « où vais-je partir en vacances » ou « allez je fais mon planning repas de la semaine ». Mais ça voudrait dire se laisser exploiter sans rien dire, laisser les autres également. Impossible. Pour le moment en tout cas. Heureusement, je peux compter sur les copaines qui parviennent à me garder à flot et à broder à partir des quelques morceaux qui sortent de ce fichu cerveau sans bouton off. « Bravo l’équipe, et merci. »

Je quitte l’UCL

(Enfin je fais une pause, enfin d’une certaine manière)

Derrière ce titre putaclic se cache surtout un manque d’énergie pour tout mener de front. Voilà bientôt 7 ans que j’ai rejoins une organisation politique qui s’appelait à l’époque Alternative Libertaire (qui reste le nom du journal encore maintenant), l’Union Communiste Libertaire aujourd’hui depuis la fusion de 2019. À l’époque, la 1ère raison était que seule cette organisation d’extrême-gauche existait localement : pas de NPA, d’autonome, de FA ou autre (les partis non anticapitaliste n’était évidemment déjà pas une option). Ne pas avoir le choix facilite le choix ! Après les avoir observés de loin pendant les grosses luttes de 2016 et n’étant pas investi ailleurs, je franchissais le pas de rencontrer les camarades du groupe local sur une action lors d’un hommage à Clément Meric avant de prendre ma carte (c’est une image, y a pas de carte) quelques temps plus tard. Je ne connaissais pas du tout ce courant politique qu’est le communisme libertaire avant de voir leurs drapeaux et une belle banderole « Résistance » flotter en manif, et la lecture du manifeste d’AL fut une vraie claque. On pouvait donc imaginer un communisme non autoritaire et fédéraliste, prônant l’autogestion et la démocratie directe, tout en étant cohérent avec un modèle de société viable ?! Les lectures successives du livre La Morale Anarchiste de Kropotkine (mon 1er bouquin politique qui ne soit pas un manifeste si je me souviens bien) puis du Projet de société communiste libertaire (aux éditions Alternatives Libertaires) me convaincra pour de bon que je me trouve dans un mouvement qui me parle et auquel je crois, qu’un autre monde est possible.

S’en suivra plusieurs années de luttes d’une part, entre la loi travail 2, les gilets jaunes, les retraites en 2019-2020, le soutien aux kurdes ou aux palestiniens… ; de formation d’autre part, avec la participation à divers ateliers sur une multitude de sujets (syndicalisme, antipatriarcat, antiracisme, etc.) ainsi qu’aux journées d’été de l’organisation (une semaine de débat et échange autour d’un projet de société dans un cadre de vacances, c’est vraiment une expérience géniale). J’y ai pris rapidement mes marques, prenant divers mandats sur les 5 premières années. L’investissement aura été je crois total, fluctuant selon les périodes et selon l’état physique et mental. Nos luttes sont justes, et militer me permettra de dire quand je serai un vieux con « t’étais pas dans la rue y a X années, d’où tu te plains du fascisme/de la misère/autre (choisissez votre motif d’affliction) aujourd’hui ». Les enjeux sont là : espérer et se battre pour un avenir plus juste pour nous et nos (vos) enfants. En tant que militant révolutionnaire, l’étape suivante (ou plutôt, dans le même temps) a été d’intégrer un contre pouvoir, y participer, tout en appliquant nos valeurs d’autogestion, démocratie direct, etc. Le syndicalisme prendra une plus grande place au fur et à mesure, au détriment d’une certaine manière de mon engagement à l’UCL, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, l’objectif étant toujours de diffuser nos idées et pratiques. Mais vient le moment où j’estime que ça coince.

Cette dernière année aura été plus difficile pour deux raisons. Toute organisation subit des turbulences, plus ou moins fortes selon la taille des clivages qu’elle contient, mais c’est toujours de manière horizontale que ça doit se régler, avec le plus de transparence possible. Je ne sais pas si l’UCL est la meilleure dans le domaine, mais je ne doute pas de sa capacité à se remettre en question, et j’ai confiance dans l’élaboration collective dans notre mouvance pour avancer au mieux (parfois à un rythme différent que souhaiter par l’un ou l’autre des camps, et c’est dommage). Notre côté anarchiste doit nous permettre de toujours nous interroger sur nos positions et nos pratiques, c’est ce qui est fait il me semble et cela restera toujours une de nos forces. Bref, je me perds. Je crois encore dans cette organisation, qui a ses défauts et ses qualités, qui a le mérite de faire exister le courant communiste libertaire et le diffuser où elle le peut comme elle le peut. Alors pourquoi partir ? Depuis 2 ans, je cumule toujours plus de mandats syndicaux. Je n’ai plus le temps et l’énergie pour participer aux actions et élaborations de mon groupe local, qui a ses propres difficultés (sous nombre en tout 1er lieu). La situation d’être adhérent sans participer m’a beaucoup frustré, et ça fait un moment que j’hésite à modifier mon mode d’engagement. Ce n’est cependant pas la fin de mon histoire avec ce mouvement politique, aucune porte n’est fermée pour y retourner un jour (je vous prépare déjà à voir un billet « mon plein retour à l’UCL » dans 6 mois) et je continuerai d’être présent sur les actions comme de porter nos idées au quotidien. Je ne clôture pas tout à fait l’aventure non plus car je passe du côté des Ami.es d’AL¹, forme d’aide avec adhésion au journal pour 1 an plus un soutien financier qui pourrait mieux me convenir pour le moment. Car notre doctrine politique doit vivre et se développer malgré tout. Pour la révolution. Pour un autre futur. Pour une société anticapitaliste, égalitaire, où chaque voix compte. Pour un projet de société communiste libertaire.

¹ Pour soutenir ou adhérer à l’UCL, c’est par là : https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Soutenir-ou-adherer

13 octobre et intersyndicale

Yo ! J’ai envie de raconter vite fait les coulisses de l’intersyndicale en vue de la grève du 13 octobre. Pour un peu de contexte, cette date a été pondu par la CES, Confédération européenne des syndicats qui regroupe environ 90 organisations syndicales (OS) à l’échelle de l’Europe (pour la France, la CFDT, la CFTC, la CGT, FO et l’UNSA en font parties), et qui globalement s’en fou pas mal de la base (aka les travailleureuses) pour ses productions. Pour un aperçu du foutage de gueule, je vous laisse lire cette lettre à l’occasion de la passation Berger/Léon à la tête de la CFDT signée par la secrétaire générale de la CES (la gueule du leader visionnaire). Bref, je m’égare. Il y a peu de gens qui s’intéressent à comment fonctionne un syndicat. Moins encore aux rouages des intersyndicales (IS). Et croyez moi, ce n’est pas tout rose. Dans le 56, elle est constituée de Solidaires, CGT, FO, CFDT, UNSA, CFE-CGC, FSU et peut-être d’autres que j’oublie mais peu importe.

Ça commence par une réunion classique où est décidé le parcours, quelle communication, quelle orga fait quoi (déclaration de la manif, qui écrit le tract d’appel, la prise de parole) etc. en se basant sur ce qui a été déjà décidé au niveau de l’IS national (qui s’est elle-même basée sur la CES). Le syndicat chargé du tract (Solidaires) l’écrit puis le transmet aux OS, et là c’est le début du délire. On y mentionne qu’on est pour l’abrogation de la réforme des retraites. La CFDT 56 rétorque que son mandat, qui vient de la CFDT nationale (parce que oui, ce n’est pas une légende, la CFDT fonctionne de manière verticale), c’est de respecter la décision nationale (position également de la CFE-CGC). On tente le forcing, rappeler les mois de lutte difficile, c’est important pour nous, blablabla, rien n’y fait, les réformistes ne veulent pas de cette revendication. La CGT 56 (le syndicat départemental donc, qui est en guerre larvée avec ses syndicats locaux [de territoires ou de grosses boites], qui fait dans son coin sans non plus demander l’avis de sa base) se couche pour maintenir l’unité. FO propose de remplacer par une phrase incisive, car si on évacue complètement ce point, le syndicat se casse de l’intersyndicale. Ici je pense qu’on fait une connerie, car on suit le tempo imposé par le couple CFDT/CGT, mais j’y reviens plus bas. Nous, dans le but du maintien de cette super intersyndicale (sarcasme), on amende et on propose un texte sans la revendication de la réforme des retraites mais avec une mention un minimum pêchu pour rappeler ce qu’il s’est passé. On est le 4 octobre et on en est là pour le moment, ça fait 10 jours qu’on n’a toujours pas le tract de prêt. Pour vous dire le niveau des clowns, on ne parle même pas de la CES, pourtant à l’origine de l’appel du 13, dans le tract et c’est passé comme ça jusque là. Je vous jure. Mais alors qu’est ce qu’on tire de tout cela ?

À posteriori, je regrette de ne pas avoir donner mon avis tout de suite à mes camarades qui est : éclatons cette intersyndicale de façade, on n’a rien à faire avec les réformistes, ça ne nous apporte strictement rien que ce soit politiquement ou sur le terrain (en terme d’adhésion ou d’argument auprès des collègues). L’objectif de maintenir coûte que coûte l’intersyndicale pendant le mouvement des retraites avait un peu de sens car elle a permis la mobilisation de millions de personnes. Ce temps est passé, il est l’heure pour les syndicats de lutte de reprendre la distance avec les réformistes. Que ce soit ces derniers qui se développent et non les nôtres ne doit pas nous faire perdre de vue qu’ils agissent contre les travailleureuses, y a rien à gagner à jouer sur leur terrain. On confirme aussi ce qu’on sait déjà : les syndicats réformistes ont un fonctionnement autoritaire, qui ne laisse aucune place à leurs syndiqué.es. On comprend enfin qu’on est dépassé par certains enjeux concernant la CGT : elle a un intérêt à ce que la date « fonctionne » (en tout cas dans l’imaginaire) car avec la CFDT, elle est largement impliquée dans la CES et se sert du 13 comme d’un outil de communication.

Voilà, j’avais envie de lâcher ça quelque part. Ce billet risque d’être un peu nébuleux, désolé. Le syndicalisme est un monde autant passionnant que désespérant selon les angles. De toute façon, le 13 octobre va être un échec, entre les fonctionnaires qui ne peuvent pas faire grève (sinon ça leur compte leur weekend), une date fourre-tout qui n’a pas de sens et en devient indéfendable, des syndicats qui ne font pas le boulot de communication (et j’inclue le mien, perso j’ai rien communiqué pour cette manif qui va être un bide, j’ai besoin de rester crédible même si j’y participerai évidemment). Mais on verra, sait-on jamais. On se retrouve dans la rue.

Retour du Motocultor 2023

Je reviens du Motoc qui se déroulait du 17 au 20 août pour sa 14ème édition. L’innovation majeur de l’année était le déménagement de Saint-Nolff à Carhaix, sur le site des Vieilles Charrues. L’une des craintes qu’on avait avec les potes, c’était la perte du son de la Suppositor stage, là où passe les groupes les plus destructeurs de cervicales et où je passe donc le plus de temps (l’explique pourquoi dans mon précédent billet). On est nombreux a en avoir fait le constat : à Saint-Nolff, cette scène avait l’un des meilleurs son de festival en plein air d’Europe, probablement très aidé par la configuration du site (en bas d’une pente entourée d’arbres). Il n’y avait quasi aucune chance que ça se maintienne à un tel niveau. Et effectivement, on y a perdu, surtout en terme de régularité avec de grosse variation selon les groupes. C’est toujours plus ou moins le cas, mais c’était toujours moins prononcé avant sur l’ancien site. Finalement ça a été. On y a perdu, mais ça reste de haut niveau, voir exceptionnel pour certain, rassuré sur ce point. Une autre crainte majeur, c’est l’organisation. Le meilleur terme pour définir l’orga du Motoc, c’est « chaotique » je pense. Tous les ans y a des dingueries (par exemple, une fois le site a ouvert plus tard que prévu dû à une pénurie de bénévole, les 1ers groupes ont commencé à jouer alors que personne n’était encore entré…), alors là avec un nouveau site autant dire que nous étions effrayés. Et ben étonnamment c’était pas si mal ! Certes, on a dormi sur du gravier car le camping était bien trop petit (très chiant par rapport à l’herbe faut l’avouer tout de même) et il manquait énormément de chiottes et points d’eau sur le site (et rien du tout sur le parking camion), mais on a vu tellement pire qu’on a accepté notre sort avec un quasi soulagement de n’avoir que ça à subir. Bon c’est mon ressenti, y a du y avoir des dingueries qu’on découvrira au fur et à mesure. Par contre, mon gros point noir du weekend, on a eu la surprise de découvrir sur les grilles qui mènent à l’entrée du festival des photos promotionnelles du Motoc avec la participation de membres d’Antiq Label, notoirement connu pour diffuser du NSBM (National socialist black metal). J’ai interpellé plusieurs fois l’orga dans le passé sur le matériel vendu sur leur stand chaque année sans jamais avoir de réponse, je comprend mieux maintenant : ils sont potes. À voir ce qu’on fait de ça plus tard. Autre problème, récurrent, les violences sexistes et sexuelles. Je n’en ai pas constaté directement cette année, mais ça commence à sortir (notamment via Balance ta scène). Mais maintenant, parlons musique !

Les coups de cœurs du jeudi :

  • A.A. Williams, croisement de rock, metal, classique le tout plongé dans une ambiance sombre. C’est un oui. Chanson chouette : Evaporate
  • Zeal & Ardor, un OVNI dans le milieu, metal d’avant-garde qui mélange du Gospel avec du black metal, une expérience unique. Chanson chouette : Church Burns
  • Hatebreed, 1er groupe de bagarre pour moi du fest, un précurseur du metalcore, l’occasion d’un pit fantastique. Chanson chouette : Destroy Everything bien entendu

J’ai vu également Lost in Kiev, Kadavar, Extinction A.D. avec de bons moments passés également.

Les coups de cœurs du vendredi :

  • Terror, du punk hardcore, petite baffe avec son énorme au milieu d’un pit bien débile. Chanson chouette : Keepers of the Faith
  • Napalm Death, créateur du grindcore, probablement le meilleur set que j’ai vu de leur part (au moins 5 fois), du bonheur en barre. Fun fact, le groupe à le record de la chanson la plus courte, inscrit au guiness book pour You Suffer qui dure 1,3 secondes. Autre chanson chouette : Scum (du même album)
  • Deicide, la base du death de Floride, profondément anti christianisme, nous a fait l’honneur de jouer en entier son album Legion, une pépite. Fun fact, le chanteur s’est fait marqué au fer rouge une croix inversée sur son front. Chanson chouette : tout l’album, Dead but Dreaming par exemple
  • Hanabie, c’est LA surprise de la journée. Je ne connaissais pas, la voix death était complètement inattendu ! Du metalcore bien fait avec une sacré énergie ! Chanson chouette : Neet Game

J’ai vu également Crisix (bon moment), Carcass (me suis fait chier, comme d’hab), Epica (pour le show, pas fan de la musique), Marduk (son HORRIBLE, l’ingé son devait avoir de la merde dans les oreilles, la basse était bien trop énorme et aucun son de guitare, un délire).

Les coups de cœurs du samedi :

  • Rectal Smega, ça y est, la débilité pure est là. Goregrind, ça n’a aucun intérêt musical à part d’être idiot. Et j’aime quand ça l’ai. Le pit était à la hauteur, bravo la team. Chanson débile : Goregrind Graveyard (ou n’importe laquelle en fait).
  • Brutal Sphincter, débilité partie 2. Goregrind également, ça joue mieux même si c’est pas pour ça qu’on est là. Big up au groupe qui envoie clairement chier l’extrême-droite, et qui organise un circle pit en non mixité (1ère fois que je vois ça, vraiment cool). Y a également eu un Twister pit (le jeu, dans le pit et oui). Chanson débile : We’re All Scum, ou celle que vous voulez là.
  • Gatecreeper, on revient au death un poil old school, un son énorme, un set énorme, j’ai eu l’impression de me faire marcher sur la gueule pendant 50 minutes. Le guitariste donnait l’impression qu’il voulait tous nous buter mdr. Quel pied. Chanson chouette : Craving Flesh
  • Der Weg Einer Freheit, groupe qui a largement contribué à la démocratisation du post black metal. J’appréhendais le set, qui peut vite être ennuyant. Finalement pas du tout, un super moment. Chanson chouette : Aufbruch
  • Watain, là aussi je m’attendais pas à un set aussi bon. Erik Danielsson n’est pas quelqu’un de bien, mais son black metal peut être incroyable quand on rentre dans son délire de messe noire. Le show était à la hauteur, ainsi que le son. Chanson chouette : Devil’s Blood

J’ai vu également Brutus (c’est la batteuse qui chante, j’étais trop loin pour juger mais ça demande à être creusé), Bullet for my Valentine et Little Big, ces deux derniers ont on aura surtout bien rigolé avec les potes, l’intérêt pour la musique étant inexistant.

Les coups de cœurs du dimanche :

  • Shadow of Intent, du deathcore mélodique, j’ai du mal en album du fait de cette deuxième caractéristique mais en live c’était vraiment puissant. Chanson chouette : Farewell
  • Messa, du doom/drone. MA découverte du festival et c’est exactement pour ça que j’en fais. J’y suis aller avec mes potos fans de ce genre, c’était une merveille. J’écoute en boucle ou presque depuis. CHANSON A ECOUTER ABSOLUMENT : Leah
  • Archspire, du death technique, le chant est ouf, ultra technique et rapide et pourtant ça sort parfaitement. Quelle maitrise. En plus des blagues potaches, super ambiance. Egalement eu un Twister pit d’organisé, du fun du fun du fun. Chanson chouette : Drone Corpse Aviator
  • Dying Fetus, qu’est ce que je l’aime ce groupe. C’était tout bonnement parfait. Ils font parties des maîtres du brutal death et l’ont encore montré. Magique. Chanson ouf : Wrong One to Fuck With

J’ai vu également Nostromo (chouette mais alors c’est trop complexe pour un dimanche aprem), Crowbar (une chanson, le son était horrible mdr), Converge (ça envoie j’admet mais le manque de profondeur du chant m’embête un peu), Elder (dernier groupe du fest, c’était cool mais il était tard, ça demande à être creusé).

Voilà pour cette édition. Comme d’hab du bon, du moins bon, de l’exceptionnel. La qualité du son aura été à la hauteur, l’orga moins. J’ai regroupé mes coups de coeurs dans une playlist Deezer, elle est très déséquilibrée entre ceux pour qui j’ai mis beaucoup de titres, d’autres juste un album, elle évoluera, mais si vous êtes curieux.ses c’est là : https://deezer.page.link/eQ5oNB4v3gtWqBVF6

Des bises

Passion metal extrême

Je tape un billet sur mon Motocultor 2023 et je me dis : et si j’expliquais un peu le pourquoi du comment j’en suis à écouter l’extrême de la musique extrême. Je ne parle que metal, j’écoute pas grand chose d’autre à part du classique (sans rien y connaitre) et quelques trucs par ci par là (Hamilton qui me suit toujours). Je parle assez peu de metal habituellement car je n’ai qu’une poignée de potes qui en écoutent (et qui auront été cette année encore mes partenaires du festival). Parcours assez classique au départ, j’entendais du rock enfant (Led Zep, Genesis, les Beatles etc.) qu’écoutais mon père. « J’entendais » car j’étais surtout passif, il ne diffusait pas tant que ça de musique à la maison et je n’étais pas un mordu. Par chance, à l’occasion d’un repas chez des ami.es de mes parents, vers 13 ans, je découvre Metallica sur cassette avec l’album Load. Quelle claque à l’époque ! Quelques jours plus tard j’y retournais pour taxer la cassette et en faire une copie. Tout ça pour que quelques mois plus tard je n’ai plus aucune affinité avec cet enregistrement après la découverte du reste de la discographie qui rendra l’écoute de l’album sans intérêt (mais le pire était à venir avec la bouse de St Anger l’année suivante). Vient la découverte d’un monde : le metal. J’écoute les gros du moment qui passe notamment sur MTV, un peu à l’arrache n’ayant pas de pote qui en écoute ; de nu metal avec Korn, Limp Bizkit, Linkin Park ou Slipknot (ce dernier m’aura suivi longtemps pendant que j’abandonnais les autres) ; de metal indus avec Marilyn Manson ou Rammstein (ce dernier me suivra également longtemps).

La suite, c’est la découverte et la recherche de l’extrême. En 2nde, j’ai entendu fortuitement le black metal de Cradle of Filth, nouvelle claque. La technique vocal m’a laissé pantois, accompagnée de riffs saignant et une batterie des enfers. C’est donc ça qu’il me fallait : plus de rapidité, de brutalité, de sons saturés. J’ai pris mon temps pour vraiment découvrir le style (qui est également très divers) en commençant par les bases : Mayhem, Darkthrone, Marduk, Dissection, 1349 (la baffe de Hellfire wuw), et tous les instigateurs des scènes suédoises et norvégiennes en somme, en accrochant plus ou moins selon les groupes. Découvrir Mayhem, c’était aussi découvrir l’histoire du groupe, entre églises brûlées, suicide, agressions, meurtres, qui jalonnent les débuts du genre et en font également sa notoriété noire et sanglante. J’admet avoir eu une sorte de fascination d’un groupe de personne qui transgresse de façon si spectaculaire les codes et dogmes en place. C’était avant de comprendre que c’est aussi un style gangréné par le nazisme, le fascisme, l’anticommunisme (tout ce qui se trouve à l’extrême-droite pour résumer), et tout ce que ça implique derrière : racisme, supériorité blanche, LGBTIphobie, antisémitisme, paganisme et toute la merde du genre. On y reviendra. J’étais devenu curieux de ce qui se trouve au plus extrême, donc dans mon exploration du genre, j’ai été jusqu’au morceau les plus obscurs, avec des productions abominables et des compositions très nul, mais qui suintait la crasse. Aucun nom de groupe ici, les pires raclures de la terre s’y trouve. À savoir aussi que j’ai une voix que je réfrène du mieux que je peux qui aimerait voir « tout cramer pour repartir sur des bases saines » (oui j’ai les refs que j’ai, me jugez pas trop fort), ou plutôt sans aucune base dans mon cas. Elle est plus ou moins puissante selon les périodes, là elle était à son apogée avec ce type de « musique » (pouvait on encore qualifier ça de musique). Bref, après avoir beaucoup (beaucoup) écouté de black metal divers et varié (sauf le pagan parce que ça a toujours été nul et oui), dont des trucs nazis, (appelé NSBM pour National socialist black metal) je m’en suis doucement éloigné depuis une dizaine d’année, au fur et à mesure de ma formation politique et ma compréhension de l’antifascisme, des luttes LGBTI etc. Vouloir écouter du black, c’est devoir vérifier si chaque membre du groupe n’a pas jouer dans un groupe nazi à côté, s’il n’en côtoie pas, si les paroles sont ok, etc. Un vrai travail que j’ai eu de plus en plus la flemme de faire. Le problème d’un genre composé à 50% de groupes qui sont fafs ou assimilés. Aujourd’hui j’en écoute quasi plus, malgré l’arrivé de collectif comme Antifascist Black Metal Network qui promeut des formations safe. J’ai préféré me jeter dans le death metal.

BIM transition. En terminal, je découvre donc un nouveau genre : le death metal. C’est en voyant le logo de Demilich que par curiosité je m’y met. Quel DELIRE ! La voix est dégueu, les cordes des guitares et basses toutes droit sorties d’outre tombe, la grosse caisse pète à toute vitesse, j’en reviens pas de ce que j’écoute. Malheureusement je vais passer trop de temps sur le black, laissant de côté trop longtemps ce genre. J’écoute rapidement Death ou Possessed, mais les relents thrash metal ne m’intéresse pas vraiment. C’est surtout Obituary vers 2009/2010 qui va vraiment m’y accrocher (Slowly We Rot quelle perle). Je ne le savais pas à ce moment là, mais cette voix est en fait unique. Je l’aime, bien qu’elle soit loin de faire l’unanimité même chez les fans de death metal. Mais je m’égare. S’ensuit les découvertes des poids lourds comme Cannibal Corpse, Deicide, Entombed, etc. Je succombe au growl, aux blasts beats, et surtout aux ruptures de tempo qui me font headbanger comme jamais. Par la suite je deviens fan de Behemoth (jusqu’à ce que le chanteur se revendique anti antifasciste ce sac à merde), et surtout Suffocation, qui sera mon premier pied dans le sous genre du brutal death metal (en vrai c’était Cannibal mais je m’en rendais pas compte au début). On est en 2012, 1er Hellfest sur 3 jours, j’y passe mon temps sous les chapiteaux des scènes Altar et Temple où jouaient à l’époque le black et le death. J’y aurais découvert plein de groupe, mais surtout 3 qui me marqueront particulièrement : Napalm Death, Aborted et Dying Fetus. Le début de la foire à la saucisse dans mes enceintes ! J’en ai pas encore parlé, les thèmes du death sont pas mal variés : la violence, le satanisme, le gore, l’antifascisme, l’écologie même pour au moins un… Bref, y a de tout. Après le HF et la découverte des 3 dingueries cités au dessus, je vais commencer à m’intéresser sérieusement, comme ce que j’avais déjà fait avec le black, à ce qui se trouve à l’extrême et qui se trouve être le brutal death (spoileur : y aura encore plus extrême). Là on est sur encore un autre niveau, ça peut jouer à la vitesse de l’éclair, le death growl est incroyable de puissance, les mid tempo sont destructeurs, en gros j’ai l’impression de me faire marcher dessus. Et j’adore ça. Je me ferme et m’ouvre comme un clapet, je me balance comme si je coupais des buches, exalté à l’écoute. Il m’en faut plus, encore plus. Il m’aura fallu un certain temps avant de trouvé : Pathology. Acheté au hasard au metal market du HF 2014, une nouvelle baffe musicale, et une nouvelle étape dans l’extrémisme musicale (le dernier ce coup ci !) avec le sous sous genre gracieusement nommé Slamming brutal death metal. On est dans le gras, la brutalité, y a même plus de parole audible, c’est juste du gruik (ou du coassement selon le chanteur, genre celui de Gutural Slug). Ça parle de viscère, de torture, d’histoire sanglante (y a pas mal de misogynie malheureusement même si ça tend vers le mieux au fur et à mesure). Mais alors la puissance que ça dégage, j’en tombe immédiatement amoureux ! Je découvrirais ensuite la base, Devourment, avant d’aller vers du récent, comme (vous noterez la poésie des noms) Syphilectomy, Analepsy, Abominable Putridity, Extermination Dismemberment, Cytotoxin, Korpse (celui ci découvert en concert qui partageait l’affiche avec Cytoto, je m’en suis toujours pas remis)… Bref, je ne vais pas faire toute la liste, je n’écoute quasi plus que ça et mine de rien y a pléthore de groupe. Cette passion pour le (slamming) brutal death se conjugue avec la joie des pits de concerts avec participation aux wall of death, aux circle pit, aux zombies pit, tout ce qu’on peut trouver de débile devant une scène avec une musique tout aussi débile. On se fait des bleus, on se casse la nuque, mais qu’est ce qu’on prend notre pied.

Voilà où j’en suis du metal ! Et oui, tout ça pour ça. Je fais l’impasse sur le stoner/doom et tout ce pan de la scène, j’en écoute peu et je découvre petit à petit grâce à des ami.es spécialistes. Bravo d’être arrivé jusque là, cet article ressemble à une purge maintenant que j’en suis à la fin ! Mais il permet de faire le lien avec ce que je pourrais raconter de mes concerts et festivals. Et c’était intéressant de repenser à mon parcours musical. Si vous me cherchez, je suis dans le pit. Des bises